• Cycle "Justice"

     

    Justice


    ...douce comme le vent du désert... drapée de son silence et de... et de sa virginité, ...non! drapée de sa... dignité, c'est drapée de son silence et de sa dignité, la femme du nomade est belle comme une fleur des sables... non, c'est trop pesant... pas assez chaud et oasien... il faudrait décrire avec le silence... qu'est-ce qu'elle m'inspire? Elle me subjugue, elle m'envoûte... légère comme le voile... non, la gandoura, ce n'est pas une bourca... l'exact opposé de ce que je voudrais, c'est "égyptienne" comme Cléopâtre pouvait l'être, enfin à ce qu'on en dit : voluptueuse, féline, un prédatrice qui chasse par jeu. Cette femme du désert, elle est... elle est... ma... majestueuse, oui majestueuse... et en même temps silencieuse, et impériale, mais presque immatérielle et solide comme le roc. Avec quels mots je pourrais exprimer ça...

    - Allume la mèche!

    ...la femme du désert dans sa robe de silence possède ensemble la majesté de l'Atlas et la fierté du vent, ...bof...

    - Elle dure combien de temps?

    - Je sais pas mais grouille-toi, on va le rater!

    ... la femme du désert dans sa robe... MERDE! C'est pas en m'arrêtant sur tous les mots que je vais le sortir ce recueil, et puis maintenant la majesté, je suis trop énervé pour...

    PAN!

    -SALOPARDS!


    Juste le temps d'une injure, et le poète chancelle. Il aperçoit quatre personnes mal cachées derrière les buissons.

    - HE! hurla le poète.

    - Tu vas nous faire quoi? répond l'un d'eux, provoquant.

    - Si t'es si sûr de toi, approche un peu.

    - On y va? Ptêt' que quand on l'aura démonté, il arrêtera de jouer le zorro.

    Ils se rapprochent.

    - Vous avez vos couilles en bandoulière! A quatre sur un mec qui vacille! Qui est celui qui a allumé la mèche, je m'occupe de lui en premier...

    - C'est moi. Pourquoi tu cherches les embrouilles comme ça, pédé?


    Le poète est hors de lui, il s'apprête à bondir sur l'allumeur ignorant ses trois collègues. L'allumeur en question attaque pourtant le premier d'un direct du droit. Le poète esquive à gauche, tire sur l'avant-bras de son adversaire vers l'avant et se place dans son dos. Il passe par dessus la tête de l'artificier et coince sa jugulaire dans le "V" de son bras qui se referme doucement pour l'étrangler. L'autre se débat, se jette sur le dos et écrase le poète de tout son poids mais il tient bon. Sans réfléchir, ou plutôt sans avoir besoin de réfléchir, le poète tend la bouche toutes dents dehors et arrache un morceau sanguinolent de l'oreille de son agresseur qui hurle de douleur. Les autres en restent pétrifiés. Le bouffon est un dément! Mais l'allumeur n'a bientôt plus assez d'air pour crier et s'évanouit à moitié.

    Alors le poète se relève maladroitement, enlève le sable de ses égratignures, regarde les autres toujours figés de stupeur et sort l'oreille de sa bouche. Les filets d'un mélange de salive et de toxines pulmonaires visqueuses rompent un à un et gouttent le long des cartilages.

    - Si vous partez maintenant avec votre ami, un médecin pourra recoudre son oreille.

    Le poète jette le morceau d'humain sur le corps ébranlé du pétaradeur et prend ses jambes à son cou.



    II


    Quelques jours plus tard, deux policiers frappent à sa porte, ils brandissent fermement un mandat d'amenée à son nom.

    - Vous êtes bien Mr S?

    - C'est moi.

    - Veuillez nous suivre sans résistance, sinon nous serions obligés de faire usage de la force.

    - Je vous suis, inutile de s'énerver...

    - Vous n'êtes pas en mesure de donner des conseils.

    - ...



    III


    ...un type avec une pochette rouge, une fille pressée sur un vélo et un tombeur dans une voiture banale, un juriste médiocre, un curieux, un borné, un rêveur et un homme vide... une elliptique, un simplet grunge, une fille méfiante adorable, un chauve patient, un couple forcé et un ami fade... soit elle s'ennuie profondément, soit elle a des escarpins trop étroits...

    ...un étrange ordinaire qui lave sa chaussure dans les flaques, une nombriliste dépressive, une vieille nostalgique qui flotte sans déplacer son corps... un chien noir... et la plupart des gens qui pensent sans penser, ils profitent du soleil d'hiver et de son reflet sur l'eau de la Saône... au bout d'un moment, on retrouve les mêmes personnes seules qui rêvassent... les autres semblent un peu plus à l'intérieur, ils vont toujours bien avec leurs vêtements...

    - Entrez dans le hall, s'il vous plaît.

    ...la moue d'étourdie et la coupe négligée, les imperméables et les grands airs, les bas blancs et les varices... ah, une péruvienne magnifique est assise juste derrière... elle serre les genoux pour ne pas trop ouvrir sa jupe pendant qu'elle lit... à part elle, personne n'a l'air dans son assiette, ou peut-être qu'elle est simplement trop jolie pour avoir l'air d'autre chose...

    - Monsieur! Ce n'est pas le moment de rêvasser. Entrez maintenant, je vous prie, c'est à vous!

    ...une adolescente déguisée en prostituée se déhanche. La marche en talons étire les muscles qui sont derrière ses genoux... un type qui regarde et une dame revêche, construite avec des logiques, qui n'existe pas non plus... C'est mon tour...


    IV


    - Mr S? Levez-vous. Vous n'avez pas d'avocat?

    - Non.

    - Vous savez les faits qui vous sont reprochés?

    - J'en ai une petite idée...

    - "Une petite idée"? C'est un peu léger pour une agression caractérisée!!!

    - Contre qui?

    - Ce monsieur... Appelez le plaignant! A sa demande, le plaignant à tenu à être présent ainsi que trois témoins de la scène, Mr P, Mr V et Mr C.

    -Bonjour.

    -Votre Honneur...

    - Mr S compte tenu des faits qui vous sont reprochés vous êtes décidé à ne pas prendre d'avocat? La cour peut vous en commettre un d'office...

    • Vous ne l'écouterez pas, autant lui laisser sa journée.

    • Pardon!?

    • Lors des quelques comparutions auxquelles j'ai assisté, la cour baillait aux corneilles pendant la plaidoirie.

    - Quoi???

    - Dîtes moi que ce ne sera pas le cas...

    - Ce n'est pas le procès du tribunal, mais le vôtre Mr S!

    - Et le procès du tribunal est prévu pour quand? Je demanderais une permission pour me porter partie civile.

    - Votre cynisme est déplacé!

    - Pas plus que vos rappels à l'ordre... Donnez-moi dix mois tout de suite, plus vite je commence, plus vite je serais sorti.

    - Taisez-vous! Ce que vous avez fait...

    - Ne jouez pas les paternalistes! Vous allez me dire que ce que j'ai fait c'est "caca", m'envoyer en cellule et dire la même chose au suivant : autant faciliter le transit judiciaire, vous ne croyez pas, en plus ce serait une forme de franchise? On devrait même me donner une promotion pour cette idée. Je me verrais bien "mouchard" ou "bibliothécaire"...

    - Taisez-vous!

    - ...

    - Bon, si vous êtes calmé, revenons au procès qui nous occupe : pourquoi vous êtes vous jeté sur Mr D, d'une part, et pourquoi diable lui avoir arraché l'oreille?? Avez-vous seulement conscience de ce que vous avez fait?

    - Oui, et c'était la meilleure solution dans cette circonstance.

    - Vous êtes convaincu de ce que vous dîtes?

    - C'était la seule façon de partir entier après avoir fait comprendre à ce type que je n'appréciais pas ses loisirs. La vraie question est "êtes-vous convaincu de cerner le problème, derrière votre estrade?

    - Passons... Vous n'avez pourtant pas les occupations d'une personne brutale. Pourquoi ces agissements barbares?

    - Pour une fois, je n'ai pas voulu baisser la tête.

    - Est-ce une raison pour massacrer vos concitoyens?

    - Ah oui, c'est vrai! J'aurais dû me laisser faire et claudiquer le plus vite possible dans une cabine pour porter plainte en espérant que mes oreilles arrêtent de siffler, attendre qu'on me réponde parce que la partie de carte n'est pas finie, qu'on prenne peut-être ma déposition et qu'on sorte le fourgon pour aller chercher des bières pendant que ces quatre connards balancent fièrement des dynamites dans les landaus!?

    - Vous auriez dû en effet!

    - Et j'aurais aussi dû leur prêter mon cul pour frotter les allumettes?

    - Vous dépassez les bornes Mr S!

    - Vos bornes!

    - Définies par des siècles de délibérations, alors veuillez vous y tenir!

    - Vos paperasses, c'est facile de s'y tenir ici.

    - Apparemment pas! Silence!

    - A vos ordres!...

    - SI-LENCE!!!

    - ...

    - Bon, maintenant que...

    - ... quand on vous ennuie, vous récitez des alinéas?

    - Mr S, je vais devoir vous demander de revenir ultérieurement...

    - A part vous et vos devoirs, vous ne voyez pas grand chose pas vrai!?

    - Vous êtes à deux doigts de l'outrage à la cour!

    - Et vous de l'outrage à l'innocence, au droit d'être libre de lever la tête.

    - Votre innocence est toujours présumée tant que le verdict ne sera pas tombé, je vous l'assure.

    - Mais c'est moi qui ai été agressé!

    - Pour ne pas jouer votre crédibilité, vous auriez dû porter plainte, je vous l'ai déjà dit. Personne n'est là pour coroborer votre version des faits.

    - Quel est le bruit d'un arbre qui tombe?

    - Pardon?

    - "Quel est le bruit d'un arbre qui tombe dans la forêt?": si personne n'est là pour l'entendre, l'arbre fait-il un bruit?

    - ...

    - ...

    • Continuons!

    • Quand on a essuyé les affronts gentiment, fermement et qu'on s'est fait rire au nez, une fois encore, quand tous les jours respecter les règles devient une frustration face à l'impunité ambiante, il n'y a plus qu'une réaction possible!

    • Réagir comme un sauvage!?

    • Ne pas faire usage de la force n'est pas une preuve d'intelligence!

    • On lui a recousu l'oreille, monsieur S! J'ai peur que votre sens des limites ne soit plus guère compatible avec notre société civilisée...

    • Je ne suis pas responsable des conséquences d'une réaction de défense!

    • Pas compris votre histoire...

    • Je ne vais pas regretter d'avoir réagi violemment! L'Etat ne pourra jamais régler les troubles sans sa population. En me condamnant vous stigmatisez une fois de plus l'initiative citoyenne, vous rendez le peuple amorphe et irresponsable!

    • « Vous », « vous »! Vos accusations sont un peu caricaturales... Et puis je ne suis pas « l'Etat »!

    • Vous êtes sa réalité!

    • Son application!

    • Donc si je résume bien, chacun est libre d'humilier qui bon lui semble sans que l'autre ne réagisse?

    • Ne jouez pas les martyrs, par pitié!

    • Je ne joue pas les martyrs, mais le fait est qu'une poignée de... disons «sauvageons», se croient au-dessus de tout. L'esprit ne peut s'empêcher de faire des amalgames et quand quelques imbéciles se permettent n'importe quoi, c'est tout une communauté qui est montrée du doigt!

    - Arrêtez de déballer vos grands principes pour défendre votre inconsistance! Des lois sont faites pour ça aussi et si les procédures sont longues, c'est parce que la justice tente comme son nom l'indique d'être juste! Après l'instruction civique, passons au procès, voulez-vous?

    - LENTE? Il s'est passé 25 minutes de mon entrée dans la salle à ma comparution...

    - A laquelle vous êtes toujours, d'ailleurs!

    - ... et vous avez distribué 13 mois de prison à 3 personnes. Je ne suis pas très fort en calcul, mais ça fait du 30 mois à l'heure pour 6 personnes. Si vous êtes aux 35 heures, ce qui serait ridiculement peu, ça fait 1000 mois de prison pour 200 personnes, en un an ça fait 47000 mois de prison pour 10000 personnes!! Ca fait 4000 ans de prison à répartir dans une petite ville!!!

    - Vous calculez vite mais 10000 personnes en un an boivent cinq millions et demi de litres d'eau et gagnent au minimum 10 milliards d'euros...

    - Ca n'a rien à voir!

    - C'est vous qui le dîtes. Enfin, comme vous avez raison, je vais être obligé d'abréger cette petite discussion parce que 20 personnes attendent encore derrière vous. Vos idées sont très intéressantes mais on ne va pas changer le système ici en quelques minutes, si vous voulez changer les choses devenez député ou ministre. Violence sur un tiers et séquelle non rémissible... Si vous n'avez rien à faire cet après-midi, vous irez me peaufiner ce petit projet, vous avez deux ans. AFFAIRE SUIVANTE et un verre d'eau, s'il vous plaît.

    Prison


    La peine de mort c'est dégueulasse, c'est vrai, des gens se sont battus... mais voilà cinq ans que je tourne en rond dans cette cellule. Mes compagnons de chambre sont des repris de justice, de quoi donner confiance quand on s'endort. L'un est un assassin, l'autre un violeur. Le trio morbide. Moi, on m'appelle « le cannibale », parce que j'ai évité un problème en déchirant l'oreille d'un mec avec les dents...

    Au début, j'étais parti pour deux ans, mais en entrant, j'ai compris que ça ne voulait pas dire grand chose. Ici, ça ne correspond à rien. J'ai essayé d'être le plus gentil possible au début, mais il y a tant de haine, tant d'incertitude ici, que l'humanité est vite passée à tabac, par "prévention"... alors j'ai dû me faire respecter pour protéger mon mètre carré d'espace vital; ou plutôt me faire craindre, comme un condensé de tout ce que j'essayais de combattre dehors, mais c'est ça ou servir de défouloir. Ceux qui croient qu'on règle un problème avec des mots trouvent vite du sang sur leurs mouchoir et leur PQ. Les mots ne résolvent jamais que ce qui est réglé, un malentendu tout au plus mais jamais une peur primale. Les paroles s'envolent, les écrits brûlent, ici rien ne reste que les cicatrices imprimées dans la rationalité de la chair.

    Même avec ceux dont on se lie d'amitié, il y a toujours une rivalité, ce combat de coq dans le moindre regard et en fait cette peur d'être surpris dans un moment de faiblesse. A part les demeurés profonds, même ceux qui se sont convaincus d'être des vrais truands sont largués. C'est une cours d'école, des enfants qui jouent les durs jusqu'au meurtre parce que personne n'a su les rassurer, leur donner confiance en quelque chose.

    Au premier type que j'ai démoli, je me suis retrouvé du même coup tranquille et seul. Et je suis resté là à regarder ma peine grandir au gré des procédures et des téméraires qui aiment se battre, simplement pour ne pas devenir une serpillère. Avant d'entrer ici, je me serais trouvé ridicule mais en vérité, il ne reste que ça, alors je le défends quoi qu'il en coûte. Je ne peux pas me résoudre à tout laisser passer pour un futur dont je ne sais rien. Mon présent, c'est ici et ces compagnons de bagne qui ne respectent que la force ou la folie.


    Cinq ans que je suis là. J'en suis venu à regretter cette routine qui pèse au gens du dehors. Dehors, la routine est une base, un support solide qui permet de se promener en ayant toujours une attache. Elle évolue lentement et se ravive parfois, si on sait profiter de ces petits riens, de ces petits plaisirs... un bon café, des draps propres, se raser en rêvassant... Ici, la mémoire perd chaque jour un petit détail jusqu'à n'être plus que la vision sordide de ce clapier puant.

    On dit que la vie de couple est toujours possible, que c'est toujours mieux que rien. Peut-être... Ma compagne venait me rendre visite, mais chaque mot, chaque regard me renvoyait ici. Tout ce que je voyais d'elle, c'est ce que je n'aurais plus, son odeur aigre-douce après l'amour, ses sourires impatients quand elle était pressée et sa voix endormie qui me disait bonjour le matin, avant qu'elle ne se réveille. Tout ça, je ne l'aurais plus, plus de quotidien, rien d'autre que ce regard navré, ces phrases pleines d'espoir et ces yeux qui mentent mal. Pire encore qu'être arrivé là sans raison, c'est l'espoir qui s'amenuise, que l'on sent filer entre ses doigts à chaque instant. Je lui ai dit de ne pas revenir.


    C'est l'été, il fait trente cinq degré dans cette pièce trop petite et pas une fenêtre pour ventiler. Je ne sais plus combien de temps il me reste mais ça n'a pas d'importance. Le présent s'étire, s'étire si loin qu'il se fige. Dix ans ou dix siècles seraient les mêmes. Plus rien du dehors ne me manque et je n'ai rien à faire pour entretenir cet équilibre.

    La seule rupture, je l'aurai un jour, en sortant. Mes parents seront vieux, ma compagne remariée. Le monde qui tout à coup se révèlera identique et nouveau, si rapide. Dans la vie d'un Homme, cinq ans, c'est déjà beaucoup, alors dix, vingt... Ma barbe aura pu pousser, mes cheveux auront pu blanchir. Peu importe. Au bout de quelques temps, la seule cellule dont on soit prisonnier, c'est cette putain de boite cranienne. On a tant de temps pour se comprendre que plus rien n'existe, tant de temps pour les mêmes choses qu'on se sent comme un vynil rayé qui répète inlassablement la même phrase de saxophone qui n'a plus aucun sens...


    Une fois libre, on a tout à rattraper; le temps, les lois, les gens, plus rien n'a plus d'emprise. Il y a trop de directions possibles, on ne sait pas laquelle choisir alors on se met à courir après sa vie, n'importe où, en essayant d'oublier. Le monde extérieur n'a jamais si bien porté son nom. On n'est ni plus en vie, ni plus mort que le jour précédent, simplement enfermé, perdu, déphasé. Une dernière bribe de lucidité, je sais que je n'aurais pas la force de repartir de zéro, c'est déjà si dur quand on a tout... je serais marqué du sceau de la justice à vie parce que les lois s'abattent comme des guillotines... je suis trop faible pour tout réapprendre, trop en retard pour rattraper ma joie de vivre et je ne veux pas être ça... Je ne veux pas être une larve qu'on regarde de travers et dont on se méfie, une merde désabusée qui survit par habitude. Il n'y a plus qu'une idée qui m'entête, plus qu'un souhait de salut et de dignité, qu'on m'abatte...

    Droit


    Monsieur le Futur Président,

    Concernant votre programme de "transparence" vis-à-vis des électeurs, je vous fais parvenir cette révision de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen corrigée en fonction des réalités effectives. Il me semble que certains articles y perdent de leur formalisme, peut-être serait-il bon de revoir vos exigences...


    Art 1 : Les Hommes naissent égaux à eux-mêmes. Les distinctions sociales ne peuvent être basées que sur des différences sociales.


    Art 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme politique. Ces droits sont la liberté, la multipropriété à mensualités attractives, l'impmunité diplomatique.


    Art 3 : Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans l'accord mutuel entre l'Etat souverain et le peuple de sa nation, blablabla. Nul corps, nul individu à titre interpersonnel ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément par le truchement convexe des articles 9, 12, 56 et 88 alinéa 7 du Code de Redéfinition des Alinéas des Articles 28a et 28b du Code des Prescriptions Alinéatoires du décret du mardi 11 mars 1849, entre autres.

    Art 3 bis: Nul n'est censé ignorer la loi et la loi est censée ignorer les nuls.


    Art 4 : La liberté consiste à pouvoir faire ce qu'on veut si on peut payer des avocats-vedettes. Ainsi l'exercice des droits naturels de chaque Homme n'a de bornes que celles qu'il s'assure.


    Art 5 : Tout ce qui est défendu par la loi peut tout de même être obtenu, mais il faut demander poliment.


    Art 6 : Tous les individus n'étant pas tellement égaux aux yeux de la loi, sont admissibles à toute dignité, place, emploi public selon leur fortune personnelle, ou leur annuaire téléphonique

    Art 6 bis: Tout individu pourra faire évoluer son intégration sociale si les jours d'ouverture des bureaux ne coincide pas avec ses heures de travail.


    Art 7 : Tout Homme peut être arrêté arbitrairement par les représentants de la loi s'il est jeune, black ou beur, mal coiffé ou s'il a une vilaine voiture.


    Art 8 : Tout Homme interpellé au hasard par des agents assermentés peut se voir administrer une contravention de contrariété dont il devra s'acquitter avec le sourire sous peine de majoration.


    Art 9 : Tout Homme sera sûrement présumé innocent par l'opinion publique si il y a France/Brésil sur la une.

    Art 9 bis : Tout Homme sera présumé absent au bout de 3 sonneries.


    Art 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leurs manifestations ne troublent pas l'ordre public, sauf les francs-maçons, les nihilistes, les catholiques, les écologistes, les juifs, les anarchistes, les marxistes, les moralistes, les autres.


    Art 11 : La libre expression est un droit des plus précieux : chaque Homme peut parler et imprimer librement ses opinions tant qu'elles ne troublent pas la morale puritaine ou l'exercice du pouvoir. Tout contrevenant s'expose à des poursuites gagnées d'avance.


    Art 12 : La garantie des droits de l'Homme nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de ceux à qui elle est confiée pour jouer les beaux dans la rue.


    Art 13 : Pour l'entretien de la force publique et des maîtresses de l'Elysée, une contribution commune est indispensable, elle doit être répartie en fonction du lien de parenté avec ceux qui établissent son montant.


    Art 14 : Les citoyens ont le droit de constater que l'Etat devrait faire quelque chose du moment qu'ils le disent entre eux sans faire chier le monde. Et l'Etat, de son côté, a le droit de ne pas en tenir compte, sauf quand il peut se réapproprier la cause avant les élections.


    Art 15 : La société a le droit de demander des comptes à tout agent public de son administration, mais prévient un peu avant quand même qu'on s'organise.


    Art 16 : Toute société peut invoquer la balance commerciale, le déficit budgétaire et l'inflation pour que personne ne comprenne pourquoi les impôts augmentent.


    Art 17 : Champagne pour tout le monde.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :