• Arshet Pletan -*

     

    C'est presque un stéréotype, j'ai mal au crâne. Ca commence sur une gueule de bois. J'habite cette pièce vide de solitaire des bons et des mauvais polars. La première question qui vient, c'est «habiter c'est quoi?» et le seul synonyme qui y répond c'est «être»: je suis dans cette pièce.

    Il y a deux choses plus ou moins gérées par la main de l'Homme, la porte et les livres. Ils servent pour un de ces métiers qui n'attendent ni famille ni confort, un métier feu-de-paille. Il démarre quand il fait un peu trop chaud et finit en laissant quelques cendres.

    La bibliothèque est le seul contact que je peux avoir avec mon étincelle, mais je vais arrêter là les métaphores des années quarante...


    Il y a quelques années, la Chine s'est éveillée, cinq mille ans pour être exact. Il y a quelques années, la Chine s'est réveillée, bien décidée à empoigner le monde par les bourses et à cette époque, les bourses les plus visibles étaient celles de Sam.


    Une des clauses tacites du plan Marshall était que la reconstruction industrielle des pays signataires impliquait la défense catégorique des USA. En langage géopolitique, ça veut dire qu'en échange des billets verts, toute l'Europe s'inféodait.

    Le ministre de la défense américaine a sur son bureau une urne avec le drapeau américain et quand la suprématie est menacée, il pioche le pays qui s'occupera du problème.

    *

    Je m'appelle Robert Mc Bob et ce nom ne sert jamais. Mon père était marin écossais, mort après une partie de jambes-en-l'air avec une suisse de 16 ans en fugue de chez elle, ma mère.

    La saillie s'est faîte sur de la paille française.


    Ma mère m'a gardé juste le temps de me laisser sortir et puis je suis arrivé dans cette pièce, plus tard.


    Le haut de la hiérarchie écrit «danger» sur un post-it et le colle sur le bureau de l'adjoint qui fait une note dont les subalternes débattent avant d'envoyer un dossier à mon supérieur qui le résume sur un post-it. Je le trouve collé sur la deuxième de couverture du livre de la bibliothèque dont le titre commence par la lettre codée par la date du jour. Négligence ou syndicalisme, ce système m'offre au moins deux jours de congé par mois, c'est-à-dire deux jours ou je ne fais rien de plus sans même attendre quelque chose.

    Inlassablement, j'ouvre le même livre à la même date sans jamais avoir envie d'en faire autre usage que celui d'étui à post-it. Ils sont aussi fonctionnels et intéressants que la porte.


    6h, j'ouvre une jolie version illustrée de «Bambi, un faon pleurnichard», peut-être jolie. Rien.

    Machinalement, je le remets à sa place dans l'étagère avant de commencer une autre journée de simulation. Je façonne mes réflexes.


    6h, j'ouvre «Casanova au Congo». Rien. Et le lendemain, «Dunes de beurres» est toujours aussi vide.

    Ce mois-ci se résume à vingt-six livres vides et trente et une journées tout aussi vides.


    Aujourd'hui j'aurais dû sentir quelque chose de spécial mais la routine ne sent pas les changements. Encore le dandy à jabot qui danse le menuet tout de fil d'or vêtu. L'ouvrir vite pour oublier son sourire narquois.


    La première phrase est toujours la même, «danger», ce qui veut dire "pas de questions" - et j'ai signé pour ça - et puis «Varanasi Graine de Misère». «Varanasi» pour le premier contact et «Graine de Misère» pour la date, c'est dans quatre jours.

    Il va falloir jouer les touristes pressés. Visa pour l'Inde, baluchon et billet d'avion pour Delhi. Ce code est minable, peut-être trop pour être remis en cause.

    «Eric le pédéraste»


    Il est l'heure de partir et je ne sais toujours rien. Il y a sur Terre des villes qui sont plus petites que nos aéroports, on s'y déplace en voiture de golf. Ma correspondance est à deux jours de marche, porte 45037. Les hôtesses ont les plus fermes des mollets et les plus vilains des costumes.

    Avec l'industrialisation massive, nombre de choses se sont vues devenir identiques au point où l'on ne sait plus si on se rapproche du but si on ne garde pas une attention pathologique sur les petits panneaux, en uniformes également.


    Si les boss ont décidés de faire appel à moi, c'est que les choses risquent de prendre un peu de temps. Il y a quelques serviettes comme moi dans chaque service, qui ne savent rien faire sans un ordre de quelqu'un. Tout le monde y trouve son compte pour longtemps, on occupe ses jours dans la même pièce en attendant un ordre de gens qu'on ne connaît pas et les rechercher pour rompre le contrat est une initiative qui nécessite une raison.

    On m'a ballotté à droite et à gauche jusqu'à en perdre tous les appétits. Pas une agueusie existentielle, simplement quand on est toujours accaparé par des causes extérieures, on oublie de savoir ce qu'on veut. J'ai lu ça un jour. Mes envies sont celles du monde qui m'entoure et depuis cette pièce, elles sont celles des post-it.



    «Facéties pour un tas de viande»


    Encore cette atmosphère moite en sortant de l'air conditionné de l'avion, un mélange de moisissure rance et de transpiration. Tout est décoré de ces carreaux de salle de bain aux couleurs «mauvais goût». Les files d'attente, les formalités, je suis dehors.

    L'avantage de vivre seul, c'est qu'on a la sensation d'être trop dès qu'on est deux, un ascenseur ou le hall de l'aéroport de Delhi procure la même impression de promiscuité. Dans cet ascenseur là, on a simplement mis 200 personnes au mètre carré qui grouillent, crient, parlent, se parlent et avancent de leur démarche nonchalante sur du béton défoncé bondé de détritus.

    Aujourd'hui, il fait quarante-deux degrés. La sueur trop timide reste sur ses pores d'attache.

    Il me faut être anonyme le plus possible. N'échanger que des sourires d'incompréhension et les taxis ici comme ailleurs se croient obligés de faire la conversation. Quand je sais ce que me rapporte ce boulot de surveillant des deuxièmes de couverture, j'ai un peu mal au cœur en prenant la place assise d'un vieil indien, mais reste de colonialisme ou civilisation accueillante, ils ne laissent jamais un étranger debout. Pour moi, c'est pareil, debout, le plafond est trop bas et assis le fauteuil de devant est trop près. Compte tenu de l'état des routes, de la lenteur des trains et des épreuves de force pour acheter des billets, deux jours d'avance ne seront pas de trop.


    * Comme Harry Potter, à ma naissance, on a tracé un $ sur mon front...


    Devant le fait accompli, je me demande quand même pourquoi je suis là. Qu'est ce qui a bien pu se passer dans la tête du piocheur pour qu'on m'envoie en Inde?

    La dernière fois, j'avais dû substituer des résultats électoraux en Ukraine pour faire élire un président pro-américain, mais à cette distance de l'URSS ça n'avait pas suffit. Heureusement, dans la tête des gens, dès qu'on dit «démocratie» toute réflexion s'envole: les médias s'en sont mêlés et l'empoisonnement par le KGB du poulain Marshall, qui aurait pu laisser l'Ukraine sous l'emprise soviétique, est devenu une preuve de son «intégrité démocratique dans l'émancipation progressive des pays satellites du Kominform» et sitôt sur pieds, il a assuré sa présidence de paille sous les hourras des citoyens en liesse. Les gens diabolisent à ce point les régimes autoritaires qu'ils cèdent toutes leurs libertés aux autorités qui les en défendent... Et là, rien. Je lis dans les pensées du piocheur comme dans un livre ouvert qui n'a pas de post-it.

    Le bus se remplit comme un tonneau des Danaïdes et la profondeur des cratères donne au trajet des airs de voyage à dos de kangourou. L'air pollué, les yeux qui pleurent, la poussière et les klaxons, c'est une bonne entrée en matière. Descente, marche, esquive, le premier gars d'une longue série qui par pure gentillesse me guide jusqu'à l'agence de voyage de son cousin.

    En Europe l'anonymat a du bon, surtout pour mon boulot. Personne ne demande rien, chacun sa merde et son soliloque dans un confessionnal. En Asie, c'en est insupportable d'intérêt et plus particulièrement en Inde où tout le monde parle anglais.

    La meilleure façon d'être discret, c'est avec les basses castes. Paradoxalement, ma présence en troisième classe fera parler beaucoup de monde mais le racisme des castes Hindoues et celui des castes financières sont si forts que la nouvelle ne sortira jamais du cercle des huit cent millions d'indiens qui ne représentent aucun danger. Bousculades en perspectives donc. Etant donné le tumulte aux guichets, on ne s'étonne pas du tumulte à l'intérieur des wagons, la largeur de la file à l'Indienne est simplement passée dans les étages sur les couchettes en planches. La locomotive patine une demi-heure avant de faire bouger ses trente fourgons remplis à ras-bord et le train s'en va pour vingt minutes, jusqu'à la gare suivante alors que la queue est toujours à la gare de départ.

    Je dois faire attention aux détails. C'est mon boulot.

    Pour lutter contre les somnolences intempestives dues au son hypnotique des roues sur les rails, j'essaie d'imaginer ce que mangent mes compagnons de voyage en fonction du son de leurs pets mais le cri strident des vendeurs ambulants qui me réveillent toutes les six minutes prouvent que la technique est perfectible. Le paysage défile, plat, vert et rouge, anamorphosé par la chaleur de l'air. Des champs, des saris qui cueillent, des chiens et des ordures, des hectares de riz et de rien, dis bonjour au Taj Mahal, etc. Et puis on approche des vingt heures annoncées, presque à mi-chemin donc.

    «Horticulture pour dépressifs»


    A la sortie de la gare, quelqu'un doit m'attendre. Je ne le connais pas, il ne me connaît pas et pourtant on va se reconnaître parce que nos cerveaux n'utilisent plus des pensées mais des protocoles.

    La patience sert dans les trains indiens ou ne sert jamais, encore dix heures et Varanasi approche. Il fait chaud, humide et la gare est bondée plus encore qu'à Delhi, avec le petit plus de la ville sainte colorée et bruyante.

    Avantages et inconvénients d'une taille raisonnable, je vois exactement là où je veux aller pendant que tous les gamins me font les poches sous la couche épaisses des cheveux noirs de la foule. Quand elles sont vides, je remets quelques roupies, c'est le jeu, et puis un dernier qui a l'impression d'être discret y glisse un papier et détale: «10, 5, le feu, l'eau et la terre». Le 10 juin à cinq heures. Le feu, c'est le Crematory Gath, l'eau, le Gange et la terre, la plage d'en face. Pas de crampe cérébrale dans les hautes sphères pour ce qui est des codes secrets... Encore 3 jours à ne pas faire semblant d'être un touriste qui perd son temps dans les rues avant d'entamer...d'entamer quoi!?

    10, enfin. Les rues désertes où quelques mendiants sont endormis, la fraîcheur du matin - vingt-cinq degrés - et les canotiers qui attendent déjà leurs touristes. On s'écarte de la berge. A la sueur des rames, la barque fait des zigzags dans les halètements asthmatiques du fumeurs de ganja. Vers le milieu du fleuve, quelques sachets en plastique dépassent de l'eau...

    Une demi-heure plus tard, les planches humides accostent sur la plage romantique qui voit la façade fluviale de la ville. Je laisse le canotier à ses occupations respiratoires et flâne un peu sur la grève.

    Quelque chose m'effleure la main et commence à tourner autour avec douceur. Pas de mouvements brusques, baisse lentement les yeux, c'est une main. Une main qui me tripote les doigts, une main poilue. En remontant le bras des yeux jusqu'à la tête, je vois un Indien moustachu qui fait des politesses de retrouvailles et cette tendresse entre garçons est la plus élémentaires des civilités, même si une certaine étroitesse d'esprit serait tentée de délencher une offensive... Après quelques palpations de ma part, on s'assoit côte à côte sur le sable devant le lever de soleil.

    - Trêves de Salamalecs, me dit-il entre deux caresses dans un anglais impeccable («stoping salamalecs»). Il va falloir être prudent, votre mission est difficile. Vous devez vous débrouiller pour rallier le Tibet, rejoindre un ami de la cause. Voilà votre nouveau passeport et quelques liquidités. Prenez votre temps pour être discret et rapide, l'enjeu est capital. Votre prochain contact se trouve dans le Yunnan, en Chine, c'est un groupe organisé qui peut vous aider à passer la frontière interne, le responsable est au courant...


    Après nos ébats de tout à l'heure, j'aurais préféré qu'il s'autodétruise dans les cinq secondes mais la technologie doit être trop coûteuse ou trop voyante.

    Petite blague martiale un rien cynique de mes supérieurs, mon nom de mission est Franck Oswald de l'Oregon. Foo. Dans un sens, c'est le nom des kamikazes japonais pendant la deuxième guerre mondiale, les Foo Fighters, dans l'autre, c'est le matricule d'un homologue anglais un peu rocambolesque, ce bon vieux James. Dans mon métier, on s'amuse bien.

    Chaque mission est une nouvelle preuve de notre abnégation. Et Dieu dit «Va mon fils!

    - Où?

    - Ne commence pas!»


    Je vais dans le Yunnan retrouver un groupe, point. Ce type au Tibet, il va m'aider, c'est tout.

    Le plus rationnel compte tenu de l'ouverture actuel des frontières du Myanmar est de prendre un avion jusqu'à Hanoi et passer la frontière chinoise en train. Dans les aéroports, les douaniers sont compétents, parlent anglais et trouvent toujours quelqu'un pour savoir quoi faire. Pour les frontières terrestres, les contrôles sont plus aléatoires et au moindre doute sur la procédure, les formalités disparaissent pour ne pas perdre la face devant un occidental. En glissant une coquille dans le formulaire d'entrée, on est sûr d'avoir un tampon qui n'atteste de rien d'autre que de la présence d'encre à la douane.


    A part ça, dans le domaine des petits plaisirs, en revenant de mon rendez-vous, le canotier qui m'a récupéré était complétement défonsé au shilum... Je ne sais pas comment il s'est débrouillé mais on s'est retrouvé à l'eau. Pas que je sois spécialement délicat mais se retrouver face à face avec un colis flottant qui contient un cadavre de femme c'est assez déstabilisant en plus d'être irrespectueux. Enfin... entre les "colis" et les flaques d'hydrocarbures, j'ai réussi à rejoindre la berge pour aller prendre une douche.

    Trois heures au guichet de la gare bondée pour trouver une vitre épaisse qui protège les lèvres à lire pour savoir qu'on s'est trompé de guichet. Quand on veut quelque chose, il faut s'affirmer. Il faut aller à Calcutta, je dois le vouloir de toutes mes forces sans état d'âme: acheter un billet de train en Asie, c'est une course de spermatozoïdes, pas de place pour les faibles! Mais j'ai du mal à combattre quand le trophée est un voyage de vingt heures couché sur des planches en face à face avec le plafond qui récupère tous les gaz plus légers et chauds que l'air. Quarante degrés, c'est le prix à payer pour ne pas respirer un oxygène issu des rectums autochtones. Toujours est-il que de guichet en coups de coude, je réussis à avoir mon papier en devanagari: voiture 16, couchette 6, quai 9.

    Le train de vingt heures arrive à vingt-et-une heure trente quai 1 avec un quart d'heure de retard et entame à vingt-deux heure un trajet de quinze heures locales, soit plus ou moins un jour.

    Chaque wagon est numéroté dans l'ordre avec des caractères bleus, le 16 est le dernier. Et puis au fur et à mesure des cinq cent mètres qui joignent le dernier wagon, je remarque des feuillets blancs numérotés dans l'autre sens. Le temps de comprendre qu'il fallait lire les feuillets blancs, le train démarre, je l'attrape au vol voiture 14 et traverse le tohu-bohu de la troisième classe. Cette vie de risque et de danger a aussi des aspects étonnamment pragmatiques et aux lumières de mes prouesses pour m'asseoir sur un siège numéroté, je vois l'avenir du monde plutôt sombre cette fois. Mais bon... Plus que vingt heures à regarder le ventilateur du plafond du train souffler l'air vers le bas.

    12/06 KOLKATA


    * Calcutta et son architecture écroulée. Le faste et la grandeur d'une métropole de colonie qui se couvre de mousse verte avant de tomber en ruine, les artères immenses chatouillées par le tramway et le métro. Un saut sur Internet, pas d'avion avant demain. Encore une bonne journée qui s'annonce...

    * Le meilleur des remèdes contre l'ennui, c'est la paresse, et quel jour est meilleur qu'un dimanche pour s'y adonner?

    * Formalités, décollage, avion, bonbon...

    * Arrivée à Bangkok. L'aéroport est plus grand et plus développé que le Lesotho. D'après les boutiques de souvenirs et les publicités, on peut apprendre qu'une partie de la population fait sa richesse en organisant des visites en bateau de croisière de la pauvreté nationale et le patrimoine s'exhibe jusqu'à l'usure. Peut-être...


    Enfin la question n'est pas là. Le staff français discute en groupe ethnique et l'avion part en retard -French Touch oblige- pour Hanoi.



    13/06 VIETNAM


    Arrivée Hanoi... Mon passeport américain m'attire des regards pas très amicaux. Il règne une tension bizarre un peu partout, une politesse hargneuse. Mon contact est de l'autre côté de la frontière... Olivier a traîné en Chine pendant son service militaire et il connaît les plans un peu douteux dont on se sert parfois. Le meilleur moyen de rentrer à Lhasa, c'est par camion depuis Deqin, à vingt kilomètres de la frontière interne. Il faudra trouver un chauffeur dans un rade et payer son inconfort pour six jours de trajet planqué sous une bâche. Rester avec le groupe sera la meilleure des couvertures pour se rapprocher de Deqin. Je dois l'intercepter le plus tôt possible dans le sud du Yunnan, circuit touristique...

    Mais pour l'heure, je suis toujours à l'aéroport d'Hanoi. Il doit y avoir une ligne ferroviaire qui relie Hanoi à Kunming.

    Impossible de communiquer, j'ai l'impression de me faire balader...

    Gare, 20h. Le train part à 21h34 et s'arrête à la frontière, la voie chinoise est inutilisable.

    Un vietnamien en uniforme de groom m'arrache mes affaires des mains, me conduit à ma couchette et se met à pleurnicher comme un enfant pour un dollar...

    Quinze heures plus tard, Lao Cai, ville frontière. Moto-taxi jusqu'à la douane. Je dois être le seul "américain".

    Premiers mecs armés.

    Formulaire recto en vietnamien, verso en idéogramme, merde... Il y a un problème! Quelque chose bloque! Bien sûr...

    Le chef de douane rapplique, l'air impassible, indéchiffrable et aboie sur le préposé. Il l'engueule ou il le félicite?

    La volonté d'être performants, de donner une image efficace et tout s'est résolu en fermant les yeux, d'un côté comme de l'autre...

    Jamais visité un pays aussi vite... 20 heures de l'aéroport à la frontière!


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