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    Le Malentendu


    Qui prend le défi pour du courage

    Qui prend le besoin d'offrir pour du partage

    Qui prend la peur pour de la colère

    Et qui prend l'ire pour du caractère

    Le malentendu qui prend les erreurs pour de l'expérience, les années pour de la sagesse et l'oubli pour de l'ivresse

    Le malentendu qui prend les choix pour une différence et la recherche pour une errance

    Le malentendu...

    Qui prend besoin pour aventure, largeur pour ouverture et zoo pour nature...


    Je me sens nu sous mes vêtements, éteint et brillant, occupé, découpé, capitoné, décapité. Déboires de tirelires en reliures dorées, une lente agonie gommée par les enluminures. Comme une vessie pour une lanterne et le Sauterne pour un messie.

    Laisser courir la rumeur parce qu'elle n'infirme plus

    C'est mourir lentement pour un malentendu.


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    Libre comme le Vent

    Tanka Japonais


    *Résultante floue

    Du chaos climatique

    Il fuit l'oppression

    Pétri de lois physiques

    Toujours vers la dépression*


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    Soulager Atlas


    Par une matinée de printemps

    Nous foulions innocents

    Les chemins de traverse,

    Jambes et pensées légères

    Sans rien à satisfaire

    Nous allions simplement.


    Mais derrière l'horizon

    Nous aperçumes un homme

    Défiant toute toison,

    Que dis-je un homme, un Dieu!

    Qui de ses pieds foulait la Terre

    Et de ses mains les Cieux!


    En voyant sur ses tempes

    Flots de transpiration

    Je voulus compatir,

    Comprendre son action;

    Saluant mes amis

    Enclins à d'autre avis

    Je rejoins le géant

    Au plus près de son ouïe:

    -Dîtes-moi en quoi consiste

    Ce fardeau qui s'impose

    Que peut-être j'assiste

    Le temps de votre pause.

    - Je supporte le ciel

    Pour le bonheur des Hommes

    Dans l'indifférence telle

    Que cette vie m'assomme...

    - Je le tiendrais pour vous

    Le temps que je pourrais

    Et vous suis gré pour tous

    De l'usure de vos braies.

    - Tu n'es pas assez fort

    Pour soutenir ce poids!

    - Je pourrais faire l'effort,

    Ne serait-ce qu'une fois!

    - Mais tu es trop petit,

    Le ciel serait trop bas!

    - Pendant ces quelques heures,

    Les pies ne voleront pas!


    S'étant laissé convaincre

    De me charger du lest

    Le géant s'allongea

    Pour savourer sa sieste...


    Mais je compris bien vite

    Qu'en fait de réticences

    Le géant minaudant

    Créait son importance:

    J'eus beau tâter tout l'air

    Piétinant les éteules

    Serait-ce le fait d'équerres?

    Le ciel tenait tout seul!


    Quand dispos l'homme immense

    Voulut reprendre office

    J'espérais le convaincre

    Que sa tâche était vaine

    Mais,

    Il fit fi des dispenses,

    Céda à son caprice,

    Et préféra trouver

    Du beau au sacrifice...


    Mes mois passèrent ensuite

    A écouter ses plaintes

    Oubliant peu à peu

    Que sa peine était feinte,

    Moi qui croyait l'aider

    En pleurant son supplice

    C'est un peu de son ciel

    Qui m'emmène à l'hospice

    Parce qu'une fois décidé

    A être son cortège

    C'est de mon propre gré

    Que je fus pris au piège.


    On devrait se méfier

    Du malheur qui s'affiche

    Comme d'un secret confié

    Au premier qui s'en fiche:

    Chacun louera sa cause

    En fait de dévouement

    Mais les plus forts se taisent

    Et meurent sans voir trop grand,

    Chacun possède en lui

    La force surhumaine

    D'être martyr d'un rien

    De glorifier sa peine,

    Il en faudrait pourtant

    Un peu moins, du reste

    Pour oser rester humble

    Dans une vie plus modeste...


    Comme on est bien souvent

    Ce que l'on reconnaît

    Il n'est pas étonnant

    Que le jeu fasse effet

    En fait, pour ces "héros"

    Qui "méritent" d'être tristes

    On s'oublie assez tôt

    Pour danser sur leur piste.


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    Sonnet de Sauvetage


    Faste flottant de l'humaine condition

    Qui porte vers l'autre rive les espoirs infondés

    Divertis du voyage par diverses attractions

    Rendant chaque conscience plus inféodée


    Dans ce huis clos d'opulence et de facilité

    Voguant sur l'océan de la sobriété

    Se noient les adipeux, trop saoulés de lipides

    Pendant l'effervescente cérémonie des fluides


    Rouillée de l'intérieur, happée par les éléments, coulée par le soleil

    L'arche pompeuse sombre sans épargner ses hommes

    Laissant une barque pour les plus humbles


    En calme appareil

    Survivre du minimum

    Heureux et simple.


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    La Mare de Mon Nombril,

    Petite Nouvelle Paresseuse


    Ce matin, il fait bon. Je me suis levé à l'aube pour aller faire une sieste sous un arbre. Un peu de rosée s'est condensée dans le trou de mon nombril.


    Au début, les acariens et toutes les petites bestioles qui se baladaient sur ma peau s'y baignaient et puis bien vite, c'est devenu "LA" mare branchée. Tous les trucs vivants s'y donnaient rendez-vous, les fourmis pour manger les acariens, les oiseaux pour manger les fourmis, les chats pour manger les oiseaux et l'ensemble de la chaîne alimentaire dont un maillon se perdait parfois dans ma bouche.

    En picorant les fourmis, les oiseaux laissaient de petites cavités peu à peu remplies par la terre que chacun apportait à ses pattes. Un peu de vent, quelques abeilles et les graines les plus légères y ont poussé.


    Autour de la mare, il y a maintenant des herbes, des fleurs qui stabilisent la terre de leurs racines, des fourmilières et des insectes qui me chatouillent toute la journée. Les petits crapauds ont aussi pondu quelques oeufs. Un rayon de soleil chauffe le microcosme huit heures par jour, les tétards vont bientôt naître.


    L'autre jour, je me suis réveillé, à l'ombre. Autour de mon nombril, il y avait un sous-bois aux senteurs printanières, des fraises, des iules et des souris. Un arbrisseau s'était pris d'affection pour moi et m'enlaçait de ses racines... je ne me suis pas senti de le bousculer. Il y a à manger, il fait bon, la terre et l'humus me tiennent chaud la nuit et de petits compagnons de jeu passent me voir de temps en temps. Maintenant, depuis ma forêt, j'ai tous les prétextes du monde pour ne plus jamais me lever...


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